Gestion de la crise liée au covid-19 : retrouvons le sens de la mesure
Personne ne pourra oublier la sidération produite par l’apparition brutale, vers la fin de l’hiver, du coronavirus et les difficultés inhérentes à la gestion d’un tel cataclysme, à la fois sanitaire, psychologique, économique et social. Dans cette crise souvent décrite comme la plus grave depuis longtemps, il n’y a eu aucune alerte annonçant une catastrophe imminente. C’est dans ce contexte que la CVI souhaite exprimer une nouvelle fois son empathie à l’égard des victimes et de leurs proches de même qu’à celles et ceux qui ont continué de faire vivre les services essentiels malgré les risques.
A présent, nous sommes entrés dans la phase du déconfinement. Et tout le monde voit bien que la sortie progressive de la crise se révèle encore plus compliquée. Il va falloir conserver un œil sur les méfaits du coronavirus comme sur tous les moyens de le combattre : la recherche de traitements et de vaccins, les retrouvailles avec une forme plus raisonnable de vie en société et surtout la volonté collective de survivre à ce tsunami planétaire.
Démagogie politique
Dans de telles circonstances, propices à la démagogie politique et aux appréciations à l’emporte-pièce, la CVI va devoir redoubler d’efforts pour faire valoir le point de vue des propriétaires tout en tenant compte de l’intérêt général.
Lors de la session extraordinaire des Chambres fédérales qui s’est déroulée au début du mois de mai, certains parlementaires ont cherché, sans succès, à édicter des réglementations d’urgence contraignantes en matière de loyers commerciaux applicables de façon indifférenciée à tous les locataires du pays ayant dû temporairement cesser leurs activités de même qu’à tous les bailleurs concernés alors que les situations individuelles varient sensiblement. Parmi les bailleurs, on retrouve aussi bien des sociétés d’investissement immobilier que des propriétaires privés à la retraite ayant placé leurs avoirs dans un immeuble de rendement. Parmi les locataires, il y a aussi bien des restaurateurs locaux qui se sont retrouvés du jour au lendemain sans revenus que des grands groupes internationaux disposant de fonds propres importants. Il n’est pas possible de tenir compte de cette diversité dans le cadre d’une réglementation fédérale uniforme.
Des solutions de bon sens
Dans la situation actuelle, il s’agit de retrouver le sens du consensus et de la mesure, qui passe nécessairement par la prise en compte équitable des intérêts de toutes les catégories de la population. Nous ne sommes pas dans un western, il n’y a pas les gentils d’un côté et les méchants de l’autre. La crise n’échappe à personne. Elle frappe tous les acteurs de l’économie. Personne ne peut sérieusement imaginer en sortir sans avoir été impacté, sous une forme ou une autre, sur les plans économique et financier. Les bailleurs n’ont aucun intérêt à précipiter des faillites d’entreprises, de commerçants et d’artisans pour se retrouver en fin de compte confrontés à des locaux vacants. Et les locataires ne sauraient tout simplement faire la grève des loyers en considérant que ceux-ci cessent d’être dus en raison de la crise. Au contraire, des solutions de bon sens négociées au cas pas cas doivent contribuer à une sortie de crise aussi maîtrisée que possible. La CVI continuera d’agir dans ce sens.
Olivier Feller
Directeur de la CVI
Edito paru dans la Lettre d’information de la CVI no 3 – juin 2020